dimanche 3 juillet 2016

La mastectomie en détails...

Le titre de ce nouvel article peut effrayer les plus sensibles, je tâcherai de ne pas trop détailler les aspects chirurgicaux afin qu'aucun d'entre vous ne tourne de l'œil d'ici la fin de l'article...
Le Jour J est arrivé : je suis prise en charge dès 10h, je prends possession de mes quartiers pour les 3 jours à venir. Théoriquement...
Un médecin m'injecte le liquide radioactif qui permettra d'identifier le ou les ganglions sentinelles lors de l'intervention qui seront prelevés. Ce produit met plus de 2 heures avant de faire effet. Mon intervention est prévue à 14h, j'ai commencé à trouver le temps très long à partir de ce moment-là : je savais qu'en arrivant à l’hôpital aussi tard, je serai opérée dans l'après midi. J'ai le temps de cogiter de nouveau bien que ce soit déjà le cas depuis une semaine.
Je suis pour le moment seule avec Mon Amoureux dans la chambre, ma voisine est en salle d'opération pour une reconstruction mammaire. A 13h, un dernier bisou à mon Amoureux et je monte au bloc à pied.

Arrivée dans un sas d'accueil, le brancardier m'explique que je vais aller en salle de réveil avant d'aller au bloc afin de m'injecter un anesthésiant local.
En salle de réveil, j'attends très longtemps qu'on me prenne en charge : le chirurgien a du retard dans ces interventions précédentes. Je rencontre l'anesthésiste qui va me faire cette fameuse anesthésie. Elle consiste à injecter dans mon omoplate un produit qui anesthésie jusque 48h toute la zone pectorale.
J'ai d'ailleurs accepté de participer à un protocole pour la gestion de la douleur et permettant de mettre en avant l'utilisation de cette anesthésie locale. Mais ce protocole est à double tranchant. Je vais recevoir l'injection pour cette anesthésie mais soit cette injection contiendra le bon produit, soit ce sera ce qu'on appelle un placebo, c'est à dire du sérum physiologique... Dans le protocole en question, 50% des injections sont des placebos et seuls les pharmaciens ayant préparé le produit savent ce qu'il contient. Ni le médecin, ni moi même sommes au courant...
Cette injection est très douloureuse car une grosse pression est ressentie dans l'omoplate et au niveau de la poitrine. J'ai plutôt eu mal lors de l'injection : le produit doit prendre sa place près de cette omoplate, j'ai eu du mal à respirer mais après 2 minutes, il n'y a plus de douleur.
Quelques minutes après cette injection, nous faisons un test de sensibilité avec l'anesthésiste : je ne vois pas beaucoup de différence...
En discutant avec l'anesthésiste, je lui demande si il est possible d'avoir de la musique lorsque je m'endormirai. J'ai, à ce moment, beaucoup de larmes qui roulent sur mes joues et je ne peux pas m’empêcher de m'excuser pour cette attitude. Le personnel hospitalier aura vraiment été top pendant toute la durée de l'intervention et de l'hospitalisation.

Le chirurgien passe me voir et me dit qu'il est enfin prêt et que nous allons pouvoir y aller. Il est 16h.
En salle d'intervention, ce n'est finalement pas l'anesthésiste avec lequel j'ai discuté qui est présent mais une jeune femme médecin qui me rassure immédiatement et qui me dit : "Il parait que vous avez demandé de la musique? Que souhaitez-vous?". Je ne pouvais bien évidemment pas m'endormir sans écouter Coldplay... J'ai la tête qui me tourne et je m'endors étrangement sereine sous le rythme de "Paradise"...

A mon réveil, je me rends compte que je n'ai qu'un drain : cela signifie que je n'ai pas eu de curage axillaire et ça, c'est vraiment une chouette nouvelle. Je suis tout de même inquiète car je sais que Mon Amoureux m'attend dans la chambre, qu'il est déjà tard et j'ai hâte de le retrouver. L'infirmière le comprendra et je peux remonter en chambre à 18h30...
J'apprendrai plus tard que ce sont bien, non pas un mais 3 ganglions qui auront été prélevés. 2 sont partis en analyse durant l'intervention sans qu'aucune anomalie ne soit détectée. Le chirurgien a comme prévu retirer mon cathéter implanté à droite.
Pas de douleur, une perfusion dans le pli du coude qui m'énerve, un drain qui sort de sous mes côtes avec une bouteille qui reste près de moi : ce drain permet d'évacuer la lymphe produite suite à l'intervention et je devrais garder cette "bouteille en laisse" pendant une semaine. On me le retira lorsque la quantité de lymphe produite sera inférieure à une certaine valeur.

La première nuit ne sera pas de tout repos. L'infirmière doit passer toutes les 2h pour prendre ma tension et pour vérifier mes pansements et mon drain. J'ai pu dîner à 23h et ma perfusion a été retirée dans la foulée.
Le lendemain, je me lève et vais me laver le bas du corps : pas d'eau sur la cicatrice la première journée qui est toujours sous pansement. Je décide de me maquiller, de m'habiller et de mettre un joli chemisier jaune que je ne porterai que 5min... Je saigne au niveau de mon drain et mon chemisier est tout taché...
J'appelle l'interne, le prévient que si il retire le pansement, je ne souhaite pas encore regarder ma cicatrice. Il me dit qu'un hématome est en train de se former : mon sein repousse... ma poitrine gonfle...
Nous attendons le chirurgien qui préconise un pansement compressif pour le colmater. Si cela ne fonctionne pas, il faudra remonter au bloc en fin de journée pour arrêter l'hémorragie en cours.
Je souffre avec le pansement compressif : on me bande les côtés puis on y fixe un élasto en serrant très, très fort. Pas vraiment pratique en position assise mais c'est supportable si cela peut m'éviter de retourner au bloc.
Mon Amoureux profite de mon plateau repas du midi "au cas où" l'intervention soit nécessaire. J'appelle plusieurs fois les infirmières dans la journée car mon redon (la bouteille au bout de mon drain) perd son air et le liquide a du mal à s'évacuer. A 16h, le chirurgien revient me voir : l'hématome est encore plus important, il faut ouvrir de nouveau.
Il se veut rassurant, l'intervention dure une vingtaine de minutes. Je suis déçue car au delà de l'intervention, il y a toute la préparation qui va avec : le stress de l'attente, une nouvelle anesthésie et l'attente en salle de réveil. Et une nouvelle nuit perturbée...
Malgré l'ambiance un peu maussade au bloc, certainement due à l'annonce de mon intervention de dernière minute, je retrouve la même anesthésiste que la veille qui me propose de mettre de nouveau Coldplay pour m'endormir : cette fois, je me surprend même à chanter, sous mon masque à oxygène, "Viva la Vida"...

Tout se passe, de nouveau, bien. J'apprendrai le lendemain que 3 vaisseaux devaient être colmatés et qu'il était vraiment nécessaire de faire cette nouvelle intervention.
J'ai toujours des soucis avec mon drain, mon redon est remplacé 4 fois la nuit de ma seconde intervention. Pas évident de trouver une position pour dormir surtout avec le drain et la cicatrice du cathéter. J'ai néanmoins un coussin offert par une amie ayant subi la même intervention 2 mois plus tôt : ce coussin qui se glisse sous mon aisselle permet à mon bras gauche de conserver sa même place "qu'auparavant".
Le protocole que je suis contre la douleur m'oblige à prendre des anti inflammatoires toutes les 6h et c'est vrai que je n'ai vraiment pas mal. Je ne prends même pas les paracétamol mis à ma disposition à titre préventif. D'ailleurs, en discutant avec les médecins et en voyant que ma sensibilité était un peu moins importante du côté de l'intervention, je sais que j'ai eu le bon produit et non le placebo dont je vous ai parlé précédemment.
Concernant la cicatrice, j'ai pris le temps de la regarder dans la salle de bain avant ma première douche. Je suis moi même étonnée de voir que je ne ressens aucune émotion la concernant. Certes, c'est moche... mais la cicatrice n'est ni gonflée, ni rouge et suite à l'hématome, j'ai un gros bleu/violet/vert/jaune qui s'estompera avec le temps. Je sais que je vais devoir vivre avec cela quelques années mais je sais aussi qu'avec les prothèses externes et les sous vêtements, cela ne se voit pas pour un œil extérieur. 

Je sors d'ailleurs de l’hôpital le vendredi matin. Suite à un mojito préparé par mes amis la veille au soir à l’hôpital et une bonne nuit de sommeil grâce à un anxiolytique, je sors avec la prothèse et le soutien gorge acheté au préalable et je me sens bien...

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